De l’art de se peindre : la collection “Traits et portraits”

International audienceCet article aura pour objet l’étude d’une contraire de création appliquée à l’ensemble d’une collection : « Traits et Portraits » de Colette Fellous, au Mercure de France. Cette collection procède d’un principe directeur, auquel doivent se soumettre tous les auteurs : écrire leur autoportrait en y incluant, de manière obligatoire, des éléments iconographiques de leur choix. Tous les livres sont des commandes, passées par Colette Fellous auprès d’artistes qui peuvent être écrivains, photographes, plasticiens, couturiers, cinéastes. La contrainte qui régit la composition est à la fois forte et souple : souple car elle autorise le recours à tous les supports iconographiques, librement choisis par les auteurs (photographies, cartes, tableaux, schémas) ; forte car elle oblige les uns et les autres à composer avec un langage qui n’est pas celui de leur pratique artistique ordinaire. Il en résulte une gamme de comportements variés par rapport au postulat de coexistence des deux éléments : celui-ci va d’une forme subtile de résistance (Jean-Christophe Bailly) à une conception « intégrée » de l’autoportrait comme mixte consubstantiel de textes et d’images dont la genèse est mise en scène dans le livre même (Christian Lacroix). La relation entre les deux éléments, texte et image, va varier, et avoir une forte incidence sur le positionnement générique de l’œuvre finale dans le champ autobiographique : de l’autoportrait minutieux et documenté, dans la tradition du reportage (Roger Grenier, Andrélie) à des œuvres oniriques qui semblent tendre vers la fiction (Ndiaye, Autoportrait en vert)